Que faire quand le malade déambule?

Publié le 22/05/2014 à 22h08 (mise à jour le 08/01/2017 à 09h16)

Considérée comme un trouble du comportement lié à la maladie d’Alzheimer ou à certaines pathologies apparentées, la déambulation, ou errance, est souvent mal tolérée par l’entourage.

Les allées et venues incessantes d’un malade désorienté dans son espace de vie, sont à l’origine de bon nombre de sueurs froides : chutes, fugues, etc. Pour ne pas s’épuiser, voici quelques conseils pratiques.

De quoi s’agit-il ?

L’errance est un problème particulièrement fréquent dans la maladie d’Alzheimer, mais existe aussi dans certains autres types de démences. Que la déambulation soit motivée par un but ou non, elle concerne 65% des malades hébergés en institution et 36% des patients vivant à leur domicile.

La perte des fonctions intellectuelles est responsable d’une multitude de dysfonctionnements.

Le sens de l’orientation dans le temps et dans l’espace est touché immanquablement au fur et à mesure que la maladie progresse : la « boussole » flanche. L’ennui, c’est que le poste de pilotage est très perturbé lui aussi… Le désir de se déplacer est alors motivé par des impulsions (rendre visite à un proche, sentiment d’insécurité, ennui…), souvent inconnues de l’entourage et régulièrement oubliées par le malade lui-même.

La menace est alors élevée de s’égarer (parfois à deux pas de sa maison), ou de se retrouver en situation inadéquate: sortir sans être vêtu correctement, faire ses courses à minuit, etc.

Quels sont les risques ?

Les chutes, les « fugues »… Probables dans un environnement habituel, elles deviennent presque incontournables lors de la perte des repères familiers du malade. Ainsi, des vacances ou une hospitalisation, perturbent et surtout angoissent. Et comme l’angoisse aggrave beaucoup la déambulation, elle potentialise encore les risques.

Difficile de gérer, quand on est celui qui aide…

Le risque encouru par le malade est vécu comme une énorme source de stress pour les aidants ou les soignants. De plus, le fait de voir la personne ne pas tenir en place, monter et descendre les escaliers, aller et venir, rester debout près de soi ou se faire suivre dans tous ses déplacements, peut être épuisant. Pourtant, le rôle de l’entourage est déterminant: en fournissant constamment des informations permettant de mieux se repérer dans le temps et l’espace, on rassure et on calme.

Quelques questions utiles à se poser

Il déambule, mais quelle en est la cause : l’ennui ? L’anxiété? La douleur ?
L’errance s’accompagne-t-elle d’autres troubles du comportement ? Est-elle en lien avec un but particulier (manger, boire, aller aux toilettes, retrouver une personne connue, un lieu) ?

Quelques aménagements à faire…

Pour améliorer le bien être du malade, il faut adapter le monde à son fonctionnement et non le contraire. Pour faire au mieux, un solide sens de l’observation peut suffire à régler énormément de problèmes. Une fois le « besoin élémentaire » identifié, il faut y répondre, quitte à adapter tout l’environnement.

Quelques recommandations à tester

  • Du calme, de l’espace… Il faut aménager autant que possible une zone peu bruyante, bien éclairée (mais pas trop), bien signalée et sécurisée (ranger les tapis, les fils téléphoniques, les objets qui encombrent les passages, sécuriser les cuisinières à gaz par des systèmes coupe circuit). À la maison, on fermera la porte d’entrée et on protègera les escaliers. En institution, les nouveaux projets tendent à privilégier des systèmes anti-fugues très peu contraignants (bracelets alarme silencieuse à déclenchement magnétique lors d’un passage de porte).
  • Il ou elle veut marcher? Et bien marchons un peu avec la personne et profitons-en pour l’aider à s’orienter. Des promenades dirigées dans la maison, le jardin ou même le quartier, proposées très régulièrement, suffisent souvent à répondre à un vrai besoin et à détendre l’atmosphère.
  • Ne pas obliger à rester assis et surtout éviter la contention : plus on l’empêche, plus on exacerbe le besoin de se déplacer.
  • Rythmer les journées: lever, toilette, repas, activités.
  • Proposer des activités ludiques ou artistiques, occuper avec des tâches ménagères (plier du linge, débarrasser la table), lutter contre l’ennui.
  • Traiter l’anxiété et la dépression, qui sont à l’origine de bon nombre de troubles du comportement. Il n’y a pas de médicament contre la déambulation et tout ce qui «calme » augmente les risques de somnolence et donc de chutes !
  • Maintenir ou retrouver le rythme veille/sommeil (activités toniques le matin, relaxation en fin d’après-midi).

Chaque malade est différent et possède sa propre histoire. La meilleure façon de l’aider est de s’en souvenir. Ceux qui aident ou soignent ont donc tout intérêt à développer un sens aigu de l’observation et de l’analyse. Finalement, on se rend compte que contrer les risques liés à la déambulation peut contribuer au maintien d’une certaine autonomie et peut-être même d’une vraie .


Auteur

(Dr Stéphanie Lehmann: http://www.e-sante.fr)
Sources : Logsdon R.G. La déambulation chez les sujets avec la maladie d’Alzheimer vivant à domicile. Maladie d’Alzheimer, recherche et pratique clinique. Serdi Edition, 124-30, 2000.

Source internet http://www.imaalzheimer.com

Image consutlée  sur http://fr.depositphotos.com