Le concept de crise

Publié le 27/05/2014 à 09h55 (mise à jour le 21/12/2016 à 09h20)

Définitions

la paixDu latin <crisis> et du grec <krisis>qui signifie jugement, décision.

Brusque accès, forte manifestation d’un sentiment, d’un état d’esprit (une crise de larmes, de jalousie).

Familier : Enthousiasme soudain pour une action, brusque mouvement d’ardeur, hilarité générale, fou rire ou alors aussi, être saisi d’un brusque accès de colère (piquer une crise).

 

Moment très difficile dans la vie de quelqu’un, d’un groupe, période, situation marquée par un trouble profond (crise de conscience).

Rupture d’équilibre entre la production et la consommation, caractérisée par un affaiblissement de la demande (faillites, chômage), grave pénurie de quelque chose (crise du logement).

Manifestation violente d’un état morbide, survenant en pleine santé apparente (crise d’appendicite, crise de goutte, crise d’épilepsie, crise de colique néphrétique, etc.).

État d’agitation bref et soudain, ensemble de manifestations paroxystiques désordonnées (cris, larmes, rires, etc.).

La crise selon Caplan : Une crise se produit lorsqu’une personne rencontre un obstacle qui l’empêche d’atteindre des objectifs de vie importants et que cet obstacle s’avère, pour un temps, insurmontable par des méthodes ordinaires de résolutions de problèmes. Il s’en suit une période de désorganisation, de troubles, où la personne se livre à de nombreuses tentatives avortées de résoudre la situation.

Les étapes du processus de la crise

L’état d’équilibre

Toute personne cherche à maintenir un état d’équilibre dans sa vie.
Nous avons tous construits une banque personnelle de stratégies d’adaptation. Elles seront tantôt adéquates tantôt inadéquates. Certains événements appelés aussi stresseurs peuvent venir briser cet équilibre. Il en existe de différentes sortes :

  • Les stresseurs situationnels sont présents lors d’une perte par rupture, par exemple un divorce, un décès, un échec scolaire, un déménagement, un accident…
  • Les stresseurs développementaux lors de l’adolescence, le mariage, la trentaine, la quarantaine, la retraite….
  • Les stresseurs structuraux qui touchent le statut dans la société, les familles monoparentales, les métiers requérant un port d’uniforme…

L’état de vulnérabilité

C’est l’état d’une personne qui a épuisé ses réponses habituelles aux stresseurs et dont les stratégies d’adaptation ne fonctionnent pas ou plus. Ce qui va entraîner une incapacité à retrouver son équilibre. Elle subit échec sur échec, se sent en perte de contrôle et évalue cette situation de façon négative.

L’état de vulnérabilité se caractérise par une augmentation de la tension nerveuse qui s’accompagne de tristesse, d’angoisse et d’anxiété. Ce qui va engendrer un nouveau stresseur appelé facteur précipitant. Ce facteur, en quelque sorte devient, comme nous le disons dans le langage courant, « c’est la goutte qui fait déborder le vase ». Exemple : une personne qui est déjà stressée par son opération chirurgicale et qui a malheureusement nécessité une amputation, une perte d’un membre, se sentira démunie face à sa situation actuelle ainsi qu’à son futur.

L’état de crise

C’est une phase de désorganisation aigüe.
Durant cette phase, la personne vit des changements importants :

  • Sur le plan affectif : il y a une augmentation de l’anxiété, de la peur, de la dépression, de l’impuissance et/ou de la culpabilité.
  • Sur le plan cognitif : son problème lui semble insoluble, la personne est complètement envahie par celui-ci. Elle n’arrive plus à utiliser son raisonnement, ses capacités et son jugement de façon adéquate.
  • Sur le plan comportemental : Il y a plusieurs changements possibles, les activités quotidiennes peuvent être transformées ou disparaître (travail, loisir, sommeil…) certains comportements peuvent devenir inhabituels (agressivité, colère, pleurs…) l’isolement peut augmenter chez une personne qui déjà auparavant était solitaire.
  • Sur le plan physiologique : la personne présente de la fatigue, de l’agitation, ou une tension musculaire qui vont entraîner une diminution importante de l’énergie vitale. En effet la stimulation de l’adrénaline (hormone sécrétée majoritairement par le système nerveux central et les glandes surrénales) en réponse à un état de stress en continu va aboutir à un épuisement.

L’issue de la crise

Il existe trois possibilités :

  • L’issue positive : elle entraîne un fonctionnement supérieur avec de nouvelles stratégies d’adaptation
  • L’issue neutre : elle entraîne un fonctionnement identique, pas d’acquisition de nouvelles stratégies d’adaptation mais un équilibre retrouvé
  • L’issue négative : elle entraîne un fonctionnement inférieur avec soulagement que temporaire avec prise de drogues, alcool… qui engourdit la souffrance.

La récupération

Elle est toujours possible, peu importe l’issue de la crise. La récupération signifie que la personne recouvre petit à petit ses moyens. Elle a l’air mieux, mais en fait elle récupère et reste fragile.


Texte issu du cours manuscrit « Le concept de crise » donné par Fabienne Masserey, enseignante en soins infirmiers. Passerelle infirmière N1 2011