Panique nocturne

Publié le 28/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 13h40)

Troubles du sommeilTous droits réservés ©Troubles du sommeil

Vignette

Cette maquette représente un contexte de nuit dans un EMS ou un hôpital: La vie partagée en chambre avec un bénéficiaire de soin inconnu de toute une vie jusqu’alors.

Quelles sont leurs habitudes? Fenêtre fermée ou ouverte? Lampe de chevet éteinte ou allumée? Porte fermée ou entre-ouverte? Volets/rideaux tirés ou ouverts? Même heure d’endormissement et de réveil ou non? Ronfle-t-il? Se lève-il aux WC ou pour boire? Etc…

Que ressent le bénéficiaire de soins lorsqu’il ouvre les yeux et aperçoit 1 ou 2 personnes près de lui?

Les masques que portent le voisin de chambre et le soignant expriment l’inconnu, la peur et le questionnement.

Quel est le temps de réaction qui lui permet de comprendre et d’intégrer le contexte dans lequel il vit?

Les troubles du sommeil sont fréquents et d’origines diverses chez les personnes âgées. Il est capital que le soignant veilleur se présente, explique le but de sa visite et rassure le bénéficiaire de soins. Imaginons que nous  soyons tirés du sommeil par quelqu’un qui vient nous contrôler ou changer la protection? Qu’il nous découvre et nous manipule sans aucune explication?


Webmaster éditoriale                 Sophie Lattion, présidente de l’association


Insomnie chez les personnes âgées

Publié le 28/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 13h45)

 

L’insomnie est un problème fréquent chez les personnes âgées. L’impact fonctionnel et psychologique de l’insomnie peut être important et compromettre la qualité de vie des patients atteints.

Introduction

La prévalence de l’insomnie augmente avec l’avance en âge. Alors que la prévalence est de 15-30% dans l’ensemble de la population helvétique, elle est de près de 50% chez les plus de 65 ans. Par ailleurs, près de la moitié des personnes atteintes de démence présentent des troubles du sommeil (errance, agitation, inversion du rythme nycthéméral…) qui contribuent significativement au placement en institution. Certaines affections neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson ou la démence à corps de Lewy, peuvent aussi s’accompagner de troubles du sommeil intenses et colorés avec rêves vivides ou cauchemars, associés à des mouvements.1

Que faut-il savoir sur les troubles du sommeil chez le sujet âgé ?

Au fil de la vie, le sommeil se modifie : vieillir s’accompagne d’une évolution physiologique qui change l’organisation temporelle et la qualité du sommeil. La personne âgée dort moins la nuit, son sommeil est fractionné, parfois avec plusieurs siestes dans la journée, et se répartit donc différemment sur l’ensemble des 24 heures. Chez beaucoup de personnes, cela induit un sentiment de « mal dormir », ce ressenti les poussant à se plaindre d’insomnie sans que cela en soit réellement une.

En effet, dans 80 à 90% des cas, les plaintes relatives au sommeil ne relèveraient pas de l’insomnie. Derrière une plainte liée au sommeil, peuvent se cacher des douleurs, une anxiété, une dépression, ou encore des problèmes urinaires. Lorsque des troubles du sommeil apparaissent avec l’âge, il faut rechercher une cause associée qui peut permettre d’expliquer ces troubles.

Devant une insomnie récente chez une personne âgée, le médecin généraliste recherchera une cause. Il pourra diriger le patient vers un spécialiste selon la pathologie suspectée (par exemple : psychiatre, spécialiste du sommeil dans un centre d’exploration du sommeil, cardiologue…).

Retrouver un sommeil de qualité est possible avec l’accompagnement d’un professionnel de santé : changements d’hygiène de vie et de sommeil pourront être envisagés. Certaines maladies associées nécessiteront quant à elles une prise en charge médicale spécifique.
Les pathologies du sommeil – apnées, insomnies, mouvements périodiques des jambes par exemple – font elles aussi l’objet de prises en charge particulières.

Comment aborder la problématique du trouble du sommeil chronique avec son patient ?

Devant un patient se plaignant d’insomnie, le problème doit être abordé le temps d’une consultation dédiée et doit aussi être considéré en fonction de l’histoire personnelle et de l’environnement de ce patient.

L’insomnie se diagnostique essentiellement par une évaluation clinique comportant un entretien approfondi portant sur le ressenti du patient, son état psychologique et son environnement, ainsi que d’une étude de l’historique du sommeil du patient.

Il s’agit notamment pour le médecin de ne pas passer à côté d’une dépression dont les troubles du sommeil pourraient être la conséquence et pouvoir, si besoin, proposer une prise en charge adaptée.

Quelle est la prise en charge des troubles du sommeil recommandée par la HAS ?

Le médecin traitant a un rôle central dans la prise en charge des patients présentant des troubles du sommeil. Il doit proposer une consultation dédiée aux plaintes du sommeil de son patient, notamment quand celui-ci – en fin de consultation médicale – demande un renouvellement d’ordonnance.

Cette consultation sera l’occasion de rechercher avec lui les causes de ses difficultés à dormir, de déterminer si elles sont chroniques ou non, le retentissement sur sa vie quotidienne, et d’apprécier l’intérêt ou non de prescrire un somnifère.
Plusieurs outils sont à disposition des médecins pour accompagner leurs patients dans les différentes étapes de la prise en charge.

  • Pour rechercher les causes des troubles du sommeil et poser ou non un diagnostic d’insomnie : agenda du sommeil, questionnaire du sommeil, recommandations pour la prise en charge des troubles du sommeil chez l’adulte.
  • Pour accompagner son patient dans la baisse ou l’arrêt des somnifères: recommandations pour l’aide à l’arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés, retours d’expérience, cas cliniques.

Est-il possible d’améliorer son sommeil sans médicament ?

Pour retrouver un sommeil de qualité, il est nécessaire de respecter quelques règles d’hygiène de vie et de sommeil. Celles-ci peuvent être adaptées au rythme et au style de vie de chaque patient et sont à discuter avec le médecin.

Pour les personnes âgées alitées, il faudra respecter la synchronisation veille/sommeil, c’est-à-dire tous les facteurs qui permettent au corps et à l’esprit de faire la différence de sommeil entre la nuit et le jour pour obtenir un sommeil de meilleure qualité la nuit.

Quelques clefs pour bien dormir

Maintenir des activités régulières :

  • Se lever à des horaires réguliers
  • Avoir une activité physique ou mobilisation dès le matin; éviter l’activité physique le soir ; L’exercice physique modéré de la journée quant à lui contribue à limiter les manifestations anxieuses ou les troubles de l’humeur et favorise l’endormissement.

S’exposer à la lumière :

  • Lumière naturelle le matin en ouvrant les volets de la chambre, surtout si la personne est alitée
  • Réaliser des sorties à l’extérieur dans la journée si possible
  • Certaines méthodes peuvent aider à retrouver un sommeil confortable :la photothérapie par exemple, pourrait aider à retrouver un rythme biologique veille/sommeil, en particulier en hiver ou dans les appartements mal éclairés

Une alimentation et des habitudes saines :

  • Prendre ses repas à des heures régulières
  • Privilégier des repas légers en soirée, mais contenant des sucres lents
  • Éviter les excitants en particulier à partir de la fin d’après-midi : café, thé, alcool…
  • Éviter de regarder la télévision ou un écran d’ordinateur juste avant de se coucher.

Une chambre respectant certains prérequis :

  • Une chambre tempérée : température entre 18°C et 20°;
  • Un lit confortable réservé au sommeil.
  • Pour les personnes alitées qui ont souvent la télévision dans la chambre, trouver une solution pour la regarder dans une autre position que couché (position assise dans un fauteuil, demi-assise dans le lit…).

Certains médicaments pouvant parfois induire des troubles du sommeil, l’ordonnance est parfois à réévaluer avec le médecin pour trouver les prescriptions les plus adaptées au patient.

Le médecin traitant et le pharmacien sont des interlocuteurs privilégiés pour échanger et aider les patients sur la meilleure stratégie à adopter.2


1 Source internet consultée sur https://www.revmed.ch

Auteur

Dr Cécile Amatéis
et Pr Christophe Büla
Service de gériatrie et réadaptation gériatrique
Département de médecine
CHUV, 1011 Lausanne
CUTR Sylvana, 1066 Epalinges

2 Source internet consultée le 28.05.2014 sur http://www.has-sante.fr

Auteur – HAS / Haute autorité de Santé