Catégorie : Menu Page 6 of 7

S’investir ou investir? (Rôle de la direction)

S’investir ou investir?

Publié le 16/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 20h09)

Direction des soinsTous droits réservés ©

Vignette:

Cette maquette représente un directeur d’institution dans son grand bureau confortable. Elle est extrêmement caricaturale.

Celui-ci met l’accent sur les économies.

Il faudrait plutôt privilégier l’écoute et la relation avec son personnel en l’encourageant et en le valorisant.

La grandeur fait peur;

La peur écrase la confiance;

La confiance meurt et naît l’absentéisme;

L’absentéisme ne se rachète pas;

Et la réputation NON PLUS!


Webmaster éditorial              Sophie Lattion, présidente de l’association


La direction

Publié le 16/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 20h17)

Plus on dépense pour diffuser, moins on dépense pour produire, et à moins de disposer d’une richesse considérable, le déséquilibre survient en défaveur de la production, c’est-à-dire du principal.

Yves Jaigu, Directeur, Homme d’affaire (1924-2012)


« Le directeur donne l’exemple au niveau des valeurs et des actions. C’est normal, « Le capitaine du navire » il place la bientraitance des résidents et du personnel au cœur de son travail. Il organise la vie de l’établissement ».

  • Mise en place des outils de travail
  • Projet de vie
  • Suivi de démarche qualité
  • Attention et écoute
  • Prise en compte des difficultés
  • Faire respecter la charte des Droits et Libertés de la Personne Âgée.
  • Gestion administratives, financières et économiques
  • Gestion des ressources humaines (recrutements, carrières…)
  • Gestion dans différents projets.1

L’éthique du management oblige le cadre de santé, le cadre de pôle, la direction des soins, la direction générale dans une forme de responsabilité morale qui nous met tous directement en lien avec la qualité du soin que reçoit le patient et le devoir de l’organiser. Le management de l’éthique concerne l’encadrement et son devoir de répondre à la vulnérabilité du patient par une organisation de soin et la mise en place d’une démarche éthique soignante.2


1 Auteur

Créé par le groupe de travail de la commission de la prévention de la maltraitance de l’EHPAD La Bruyère de Neuvic d’Ussel

Source consultée sur http://ehpadlabruyere.pagesperso-orange.fr

2 Lien internet repris du site sur L’éthique

Vieillir et devenir vulnérable

Vieillir et devenir vulnérable

Résumé

Les personnes vulnérables sont celles dont l’autonomie, la dignité, et l’intégrité sont menacées ». Sur la base de cette définition éthique de la vulnérabilité, quatre grands facteurs de risque de vulnérabilité chez la personne âgée sont identifiés dans cet article : la dépendance fonctionnelle, la perte de l’autonomie, la précarité sociale et la limitation de l’accès aux soins.

La misère d’un enfant intéresse une mère, la misère d’un jeune homme intéresse une jeune fille, la misère d’un vieillard n’intéresse personne. 

                             Victor Hugo « Les misérables », 1862

10776_banc Buttes entier

Introduction

« Les personnes vulnérables sont celles dont l’autonomie, la dignité, et l’intégrité sont menacées ».Sur la base de cette définition éthique de la vulnérabilité, on peut considérer que les personnes âgées, confrontées aux maladies chroniques invalidantes, au déclin fonctionnel et à la perte de rôle social, sont à risque de devenir vulnérables. Néanmoins, les personnes âgées ne vieillissent pas de manière uniforme et toutes ne sont donc pas confrontées à la vulnérabilité. Cet article tente de mettre en évidence les facteurs de risque associés à la vulnérabilité chez les personnes âgées et propose quelques pistes d’interventions pour prévenir ou diminuer cette vulnérabilité.

Facteurs de risque de vulnérabilité chez les personnes âgées

Schématiquement, quatre grands facteurs de risque peuvent être identifiés (figure 1).

loadimg.php

Dépendance fonctionnelle

La dépendance fonctionnelle est définie par une incapacité à réaliser des activités physiques ou mentales nécessaires à la vie quotidienne (AVQ).

En Suisse, 10% des personnes de plus de 65 ans et 20% de celles entre 75 et 94 ans, ont besoin d’aide pour effectuer au moins une AVQ de base (telle que se laver ou s’habiller).

 

Les pathologies les plus prévalentes associées à la survenue de la dépendance fonctionnelle sont les pathologies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les fractures de hanche, l’arthrose et les troubles cognitifs. La dépendance fonctionnelle engendre une dépendance à autrui, et en particulier au soignant.Or, l’accès du soignant à l’intimité de la personne (nudité lors de la toilette, gestion d’une incontinence urinaire ou fécale par exemple), de même que la profonde asymétrie de la relation soignant-soigné en termes de connaissance et de pouvoir, peuvent porter atteinte au sentiment de dignité et d’intégrité de la personne, la rendant vulnérable au sens de la définition éthique proposée plus haut.

Le patient, en position de dépendance, ne peut que mettre sa confiance dans la bienfaisance du soignant. Cette situation engendre donc une responsabilité éthique et sociale du soignant qui a l’obligation morale de maximiser les effets des actes médicaux sur le bien-être de l’humain (bienfaisance) et de minimiser les effets délétères de ces actes (non-malfaisance).

Perte de l’autonomie

L’autonomie est la capacité à choisir de son propre chef, sans se laisser influencer par une autorité extérieure. La perte de son autonomie rend la personne vulnérable, en la privant de la faculté d’agir par elle-même, et en lui imposant des décisions prises par autrui. La perte de la capacité de discernement, en particulier, prive la personne de l’exercice de son droit à l’autonomie. Bien qu’il n’existe pas de pathologies invariablement associées à l’incapacité de discernement, les troubles neuropsychiatriques, en particulier démence et dépression majeure, sont associés à un risque accru de perdre sa capacité de discernement. Cette capacité dépend de la sévérité de l’atteinte cognitive ou dépressive, ainsi que de la complexité de la question posée au malade.

La perte de l’autonomie peut également résulter, y compris en l’absence de déficits cognitifs, d’une atteinte liée à l’expérience de la maladie. La perte de contrôle sur soi, l’isolement profond, la dépendance à l’égard des autres, la crainte de la mort, et la perte des cadres de référence habituels (lors d’une hospitalisation par exemple), sont autant de facteurs qui peuvent porter atteinte à l’autonomie de la personne malade.

Précarité sociale

La précarité sociale de la personne âgée en Suisse touche principalement deux domaines : l’isolement social et la pauvreté.

L’isolement social est associé à une qualité de vie et une santé physique et mentale moins bonnes. Chez les personnes âgées, l’isolement social est en particulier un facteur de risque indépendant d’inactivité physique et augmente de près de 60% le risque de devenir inactif sur un suivi de deux ans. En Suisse, près de 5% de la population est âgée de plus de 80 ans. Ce chiffre va augmenter de manière considérable ces prochaines années en raison du vieillissement démographique. Dans cette tranche d’âge, près de 42% des hommes et 87% des femmes vivent seuls, le plus souvent suite à un veuvage.

Le soutien intergénérationnel s’est progressivement effondré au cours des dernières décennies en raison de l’évolution démographique et du vieillissement de la population. Les personnes âgées sont donc confrontées à la fois à l’absence de descendants ou à des enfants incapables d’assumer des soins en raison de leur âge avancé et de leur propre état de santé, ou d’activités professionnelle et familiale. Une des conséquences de cette diminution du soutien intergénérationnel est l’augmentation du recours au voisinage pour de l’aide : 24% des personnes de plus de 80 ans bénéficiaires de prestations médico-sociales reçoivent, au moins une fois par semaine, un soutien du voisinage.

La pauvreté, qui peut se définir comme l’impossibilité, due à un manque de ressources, de mener une vie conforme aux attentes et aux valeurs de la société, existe également en Suisse. Environ 3 à 4% des personnes de plus de 65 ans sont considérées comme pauvres (revenu inférieur à 60% du revenu équivalent médian). Ce chiffre s’élevait à 17% en 1990, avant l’introduction des prestations complémentaires (PC) auxquelles ont recours actuellement 12% des plus de 65 ans.

Néanmoins, malgré l’amélioration des conditions financières des retraités, liée en particulier à la mise en œuvre de la Loi sur la prévoyance professionnelle et des PC, 27% des rentiers AVS ont un revenu global inférieur à 2000.–/mois et 50% inférieur à 3000.–/ mois. Les liens entre précarité socio-économique et santé, qui ont été largement étudiés dans la population adulte, restent plus controversés dans la population âgée. L’impact du gradient social sur la survenue de nouvelle pathologie semble en effet décliner avec l’âge, même si de récentes études longitudinales ont pu mettre en évidence la persistance d’un impact sur la survenue du déclin fonctionnel.

La pauvreté et l’isolement social, au-delà de leur impact sur la santé, restent néanmoins des facteurs associés à un risque plus élevé de vulnérabilité, notamment lors-qu’ils sont cumulés à d’autres facteurs de risque.

Limitation de l’accès aux soins

La limitation de l’accès aux soins est également un facteur de risque de vulnérabilité pour la personne âgée dans notre système de soins actuel. Une étude effectuée en 2005 a mis en évidence qu’il existait, en Suisse, un rationnement implicite des soins (notamment de réadaptation et de longue durée pour les personnes avec maladies chroniques) et que les personnes âgées étaient clairement identifiées, tout comme les personnes avec un faible niveau d’intégration sociale, comme un groupe à risque de souffrir d’une limitation d’accès aux soins.


Stéfanie Monod, Annelore Sautebin – Rev Med Suisse 2009;5:2353-2357 consulté sur internet le 16.05.2014 sur http://rms.medhyg.ch/numero-226-page-2353.htm#resume

Image 1 consultée le 16.05.2014 sur http://www.pixelvalley.com/forum/viewtopic.php?id=3326&p=3

Dernière modification le 07.05.2015

Maltraitance envers les personnes âgées

Maltraitance personnes âgées

Publié le 16/05/2014 à 10h26 (mise à jour le 15/01/2017 à 09h57)

– Enseignement – Médecine légale clinique –

          La fille d’un couple de résidents placés en EMS me dit l’autre jour:

J’ai pu remarquer l’illumination dans le regard des résidents en fonction DU SOIGNANT QUI LES ABORDE. J’ai alors réalisé que le manque de personnel n’est qu’une façade ».

Tous droits réservés ©1. Introduction

Phénomène pris en compte seulement depuis le dernier quart du XXème siècle (1ère description en 1975 dans une revue scientifique britannique sous le terme de « granny battering »). Il touche l’ensemble des pays (pays développés et en voie de développement) comme l’ont montré à plusieurs reprises les rapports de l’ONU.

Les comparaisons entre les différents pays sont toutefois difficiles compte tenu d’une part de l’absence de définition précise de la maltraitance et d’autre part en raison de l’absence de consensus concernant l’âge de début de la « vieillesse » 65 ans plus ou moins.

Toutefois, la maltraitance envers les personnes âgées ne peut être qu’un problème de santé publique et judiciaire grandissant au regard de l’augmentation du nombre de personnes âgées dans le monde. Selon les chiffres de l’ONU le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait plus que doubler dans le monde.

tiré du Rapport mondial sur la violence et la santé 2002

2. Définition

2.1. Violence / Maltraitance

 Conseil de l’Europe 1992 « Tout acte ou omission commis dans le cadre de la famille par un de ses membres, lequel porte atteinte à la vie, à l’intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d’un autre membre de la famille ou qui compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière ».

 L’ONU a défini la violence envers les personnes âgées d’une manière large : « la violence fait référence à tout acte de nature à entraîner, ou risquer d’entraîner, un préjudice physique, sexuel ou psychologique ; il peut s’agir de menaces, de négligence, d’exploitation, de contrainte, de privation arbitraire de liberté, tant au sein de la vie publique que privée ».

 Déclaration de Toronto 2002 « un acte isolé ou répété, ou l’absence d’intervention appropriée, qui se produit dans toute relation de confiance et cause un préjudice ou une détresse chez la personne âgée »

2.2. Vulnérabilité

Si la maltraitance envers la personne âgée n’est pas considérée à part entière par le législateur, la vulnérabilité est une circonstance aggravante de nombreux délits et crimes, l’âge entre autre pouvant être un élément de vulnérabilité.

Elle est définie dans de nombreux articles, en particulier du Code Pénal comme par exemple l’article 311-4 CP « l’état d’une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse (…) » Ainsi le droit pénal a intégré la personne vulnérable et plus généralement la victime dans la qualification des faits en faisant de l’âge, de la situation économique, de l’état physique ou mental de celle ci une circonstance aggravante ou des éléments caractérisant l’infraction articles 222- 3, -4, 8, -10, -12, 13,-14, -24, -29, 223-15-2 ; 225-7 ; -12-1 ; 313-2 ; 314-2 ; 322-3, CP : « Sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur »

La vulnérabilité dans le cas de violence est un critère de dérogation au secret professionnel : l’article 226-14 du code pénal offre une possibilité de révéler aux autorités médicales, administratives et judiciaires le cas de personnes adultes vulnérables.

3. Les différentes classifications

Plusieurs classifications existent selon les critères retenus :

  • En fonction du milieu : violences intra familiales ou extra familiales (comprenant violences en institution)
  • En retenant la notion de l’intentionnalité : les actes « commis » comme les violences et « abus », et les actes « omis » comme les négligences.

 Classification du Conseil de l’Europe (1992) :

  • Les violences physiques : coups, brûlures, ligotage, soins brusques sans information ou préparation, non-satisfaction des demandes pour des besoins physiologiques, violences sexuelles, meurtre dont euthanasie ;
  • Les violences psychiques ou morales : langage irrespectueux ou dévalorisant, absence de considération, chantages, abus d’autorité, comportements d’infantilisation, non-respect de l’intimité, injonctions paradoxales ;
  • Les violences matérielles et financières : vols, exigences de pourboire, escroqueries diverses, locaux inadaptés ;
  • Les violences médicales ou médicamenteuses : manque de soins de base, non-information sur les traitements ou les soins, abus de traitement sédatif ou neuroleptique, défaut de soins de rééducation, non-prise en compte de la douleur ;
  • Les négligences actives : toutes formes de sévices, abus, abandons, manquements pratiqués avec l’intention de nuire ;
  • Les négligences passives : relevant de l’ignorance, de l’inattention de l’entourage ;
  • La privation ou la violation des droits : limitation de la liberté de la personne, privation de l’exercice des droits civiques, d’une pratique religieuse

4. Chiffres de la violence

En Suisse, environ 300’000 personnes de plus de 65 ans sont victimes de maltraitance !

Le vieillissement de la population constitue un enjeu majeur pour la prévention de la maltraitance envers les personnes âgées. En 2060, près de 30% de la population suisse devrait avoir 65 ans ou plus. Au vu de cette évolution, si aucune mesure n’est mise en place pour prévenir, dépister et traiter les situations de maltraitance, le nombre de personnes âgées maltraitées sera en constante augmentation au cours des prochaines années.

On estime actuellement qu’en Europe une personne de plus de 65 ans sur cinq est victime de maltraitance. Cela représente pour la Suisse près de 300’000 personnes. Ces chiffres ne constituent que la pointe de l’iceberg, car les situations de maltraitance ne sont de loin pas toutes dépistées.

5. Les facteurs de risques

5.1. La personne âgée elle-même

La religion, l’éducation, le niveau économique et l’abus d’alcool de la victime ne sont pas des facteurs de risque significatifs. Et le rôle de l’âge, de la classe sociale et de l’origine ethnique n’est pas clairement établi. Par contre sont reconnus comme facteurs de risque par différents études les éléments suivants :

  • Veuvage récent, sexe féminin
  • La polypathologie et le polyhandicap, générant une dépendance importante
  • Les troubles cognitifs
  • L’isolement social
  • La négligence dans la gestion de ses biens et de ses comptes
  • Le refus de vieillir
  • La culpabilité d’être à charge
  • L’agressivité, la dépression
5.2. L’entourage familial/ facteurs de risque concernant les aidants (caregiver)

Le stress, comme facteur de risque est souvent avancé comme facteur prédisposant pour les aidants. Toutefois il n’a pas été démontré comme facteur pouvant favoriser les actes de violence

Les facteurs de risque retrouvaient dans les différentes études , sont :

  • l’alcoolisme, toxicomanie,
  • problèmes financiers et judiciaires,
  • fragilité psychologique et pathologie psychiatrique,
  • antécédents de violence familiale ou conjugale,
  • épuisement physique et nerveux des parents et surinvestissement affectif qui s’occupent de la personne âgée.

Selon les études, les enfants seraient les maltraitants dans 30 à 33%, les conjoints dans 14% à 15% et les autres parents dans 13 à 20% Le sexe du maltraitant n’est pas significatif.

5.3. L’environnement

Les maltraitances existent dans toutes les institutions : maison de retraite, maison de convalescence, hôpitaux.

L’OMS retient comme facteurs de risques de violence et de négligence dans les institutions :

  • « Prestation de soins – par exemple, résistance à l’évolution de la médecine gériatrique, soins moins individualisés, alimentation inadéquate et soins infirmiers déficients (comme le manque d’attention aux escarres)..
  • Problèmes de personnel – par exemple, stress lié au travail et épuisement professionnel, mauvaises conditions de travail sur le plan matériel, formation insuffisante et problèmes psychologiques dans le personnel.
  • Difficultés dans les interactions entre personnel et résidents – par exemple, mauvaises communications, agressivité de la part des résidents et différences culturelles.
  • Environnement – par exemple, manque d’intimité élémentaire, installations délabrées, utilisation de moyens de contention, stimulation sensorielle insuffisante et tendance aux accidents dans l’établissement.
  • Politiques organisationnelles – par exemple, politiques favorables à l’établissement, qui donnent peu de choix aux résidents quant à leur vie quotidienne ; attitude bureaucratique ou indifférence à l’égard des résidents ; pénurie de personnel ou roulement important ; fraude sur les biens ou l’argent des résidents ; et absence de conseil des résidents ou des familles des résidents. »

6. Sous-déclaration des violences

Plusieurs raisons sont avancées à cette sous déclaration des violences.

6.1 Du fait la victime

Plusieurs éléments sont à l’origine d’une sous déclaration :

  • Crainte pour sa sécurité,
  • Peur ou menace de placement en institution,
  • Craintes de poursuites judiciaires envers l’agresseur (famille),
  • Honte, embarras,
  • Culpabilité ou embarras de leur dépendance ou d’être à l’origine des problèmes,
  • Déni de la maltraitance,
  • Acceptation ou occultation,
  • Méconnaissance ou non connaissance des ressources possibles.

→ Perte d’espoir de changement ou de solution.

6.2 Du fait de l’agresseur

Il est noté alors :

  • Déni ou minimisation de la violence,
  • Bloquer l’accès aux soins à la personne âgée,
  • Majorer son isolement social.
6.3 Du fait du personnel soignant

L’ensemble des études montrent que le personnel soignant est à l’origine d’un très faible nombre de signalement malgré leur position privilégiée. Tarata montrait en 1993 que les signalements étaient réalisés dans 18% des cas par les professionnels de la santé et dans 15% par des membres de la famille.

Sont retenus les éléments suivants pouvant être à l’origine de cette sous déclaration :

  • Malaise à discuter de la maltraitance
  • Manque de temps et d’espace
  • Peur d’engendrer la colère de l’agresseur
  • Peur d’altérer la relation avec le patient/client
  • Implications juridiques (témoignages etc.)
  • Manque de confiance dans le système social et juridique
  • Incompétence : méconnaissance du phénomène, absence de formation ou de protocole

 Place des Médecins dans la reconnaissance de la Maltraitance envers les personnes âgées De nombreuses études montrent la sous déclaration de la part les médecins des maltraitances envers les personnes âgées, malgré leur place « privilégiée » face à ce problème. Une étude américaine menée sur 5 ans montrait que les signalements de maltraitance envers la personne âgée étaient effectués par les médecins dans seulement 2% des cas .

Le médecin apparaît au vue de ces chiffres très indifférents à ce problème de société et de santé publique.

Une étude américaine à Seattle en 1992 concernant des professionnels de santé indiquait que :

  • 71% pensent être trop occupés pour s’occuper des problèmes familiaux
  • 50% ont peur d’offenser la victime
  • 55% ne s’estiment pas préparés à gérer cette situation
  • 61% n’ont reçu aucune formation

D’autres études ont mis en évidence de nombreuses raisons à cette sous déclaration par le médecin :

  • Le manque de définition claire et précise
  • La méconnaissance de ressources disponibles ou adéquates ou le manque de confiance dans ces services ressources,
  • La contrainte temporelle,
  • L’absence de familiarité envers les dispositifs légaux,
  • L’absence de formation/ formation insuffisante ou la croyance de la nécessité d’une formation spécialisée, l’absence de protocole ou de guide pratique,
  • Les liens de soignant avec la personne maltraitante et la personne maltraité,
  • Résistance à s’immiscer dans la vie privée et la résistance des patients ou des familles à l’intervention du médecin,
  • Le déni du patient En France est mise aussi en avant la position particulière ambiguë du médecin pris entre le serment d’Hippocrate lui inculquant de ne pas s’immiscer dans la vie privée du malade et l’obligation du signalement.

7. Dépistage et évaluation clinique

7.1. Manifestations cliniques

Il est important de retenir qu’il n’existe pas de signes spécifiques.

 Négligence

  • Apparence générale de la personne âgée :
  • Escarre non traité,
  • hygiène déplorable, état dentaire
  • dénutrition,
  • non suivi ou traitement inadapté

 Signes traumatiques Stigmates rapportés à des chutes doivent faire évoquer une possible maltraitance : fractures, contusions dermabrasions, traumatisme crânien, lacérations…

  • Origine Accidentelle chute : lésions de même âge unilatérale, en regard des reliefs osseux
  • Maltraitance, violence : lésions d’âges différents, topographie bilatérale et antérieure et postérieure, non en regard de reliefs osseux, zone suspectes (poitrine, face interne des membres, zone de prise…) fractures inexpliqués
  • Lésions non expliquées ou explication non compatible.
  • Recherche de lésions vaginales ou anales → Faire un examen complet. Décrire les lésions (localisation, forme, couleur taille..)

Violences psychologiques : interrogatoire, syndrome dépressif, tentative de suicide…

7-2 Evaluer la vulnérabilité (en plus de l’âge)

Il est indispensable d’évaluer cette vulnérabilité (signalement et circonstance aggravante)

  • Réaliser un MMS +/- Nécessité d’un examen neuropsychologique.
  • Evaluation de la dépendance fonctionnelle (Barthel, MIF) et du handicap
  • Evaluation sociale (ressources sociales et financières)
7-3 Rechercher les conséquences sur l’état de santé de la personne âgée

Les violences sont à l’origine de nombreux troubles :

  • Mortalité augmentée : Un risque accru de mortalité et morbidité : Dans une étude longitudinale concernant les personnes âgées de plus de 65 ans, à 13ans d’étude, 9% des personnes âgées victime de maltraitance étaient vivantes contre 41% des personnes âgées non victimes de violence .
  • Morbidité augmentée et une augmentation de consommation de soins : ces patients consultent beaucoup plus pour des plaintes multiples (asthénie, céphalées, troubles intestinaux) .
  • Stress post traumatique et dépression : de nombreux auteurs ont montré que les personnes âgées victimes de violence présentaient des troubles psychologiques à type de syndrome dépressif et anxiété.

Penser à la maltraitance quand :

  • Absence de contact visuel
  • Conduites évasives
  • Indifférence à autrui
  • Explications des blessures variables dans le temps et entre l’agresseur et la victime
  • Des consultations répétées (aux urgences,…)
  • Plaintes indirectes : fatigue, céphalées, myalgies, troubles digestifs, chutes, incontinence etc.

 Recherche les signes de

  • Violences physiques : ecchymoses, fractures, plaies, morsures, brulures etc.
  • Négligence : déshydratation, dénutrition, hygiène défectueuse, habits désadaptés, escarres non traitées ou infectées, macération pelvienne etc.

Comment s’y prendre :

 Interroger l’agresseur et la victime séparément

 Par un professionnel expérimenté

 Examiner la personne âgée en privé :

  • Examen complet de la personne âgée
  • Approche prudente, instauration d’un climat de confiance et questions ouvertes (s’intéressant à l’environnement du patient, à son état de santé et à l’origine possible des lésions). Rechercher les facteurs de risque(troubles cognitifs, dépendance, situation financière), l’épuisement et les facteurs de stress de la victime.

 Avec l’agresseur présumé :

  • Contact prudent et ouvert, Sans jugement :
    • Collaborateur unique des soins
    • Risque de bloquer l’accès à la victime
  • Apprend à préparer ses réponses
  • Rechercher les facteurs de risque

8. Intervention en cas de suspicion de violences

8.1. Questions à se poser :

-* Le patient est il immédiatement en danger ?

  • S’interroger sur les fréquences des violences, des risques de récidives.
  • Le patient a-t-il conscience des risques encourus et peut il prendre une décision ?
  • Évaluer l’état cognitif du patient et son état psychologique.
  • Évaluer l’état de santé du patient et se poser la question des conséquences possibles des violences sur cet état de santé.
8.2 Différents moyens

Hospitalisation :

  • Soustraction à l’environnement maltraitant
  • Occasion d’enquête (sociale +/- judiciaire)
  • Traitement des conséquences des abus
  • Limites :
    • Droit de visite à conserver (toute interdiction de visite constituerait une atteinte à la présomption d’innocence).
    • Peut être interrompue à tout moment par l’entourage qui peut être l’agresseur.

Judiciaire :

  • Signalement judiciaire oral et écrit

Auteur Foued Makhlouf – Médecin Légiste – Tunisie – Source internet sur  http://www.medileg.fr/Maltraitance-envers-les-personnes 
Image propriété de l’association Prendsaplace ©

Qui suis-je devenue? (Le concept de soi)

 Qui suis-je devenue?

Publié le 07/05/2014 à 21h30 (mise à jour le 01/07/2018 à 20h03)

concept de soiTous droits réservés ©

Vignette

Cette maquette représente une bénéficiaire de soins (Bds) qui a perdu son identité corporelle, l’image de soi et au final sa dignité. Son visage dans le miroir ne correspond plus au portrait en face d’elle. Portrait qui était sien. L’histoire de cette boîte est réelle.

C’est l’histoire d’une Bds à qui l’ont ne fait plus de couleur aux cheveux car la coiffeuse a du mal à lui pencher la tête en arrière ou à lui faire comprendre le but de ces gestes. Alors on abandonne, par facilité. On ne recherche pas de solutions au problème. Tant pis, elle passera du brun/noir au blanc!

C’est l’histoire d’une boîte à bijoux rangée au fond de l’armoire…D’un parfum passé de date… D’un rouge à lèvre poussiéreux et d’un vernis à ongle sec.

C’est l’histoire de beaux vêtements rangés dans une valise lors d’un changement de chambre et jamais réinstallés sur des cintres…

C’est l’histoire d’une Bds dépendante, transférée du lit au fauteuil roulant sans passer par le miroir de la salle de bain…

Mais surtout l’histoire de plusieurs Bds qui, par hasard, des mois voir année après, se revoient dans un miroir et ont un choc. Je revois le visage horrifié de ces personnes, totalement paniquées. Et puis, s’il y a une prise de conscience, des changements peuvent s’opérer et on réalise que rien n’est impossible! Une personne démente peut très bien choisir entre deux vêtements ou deux bijoux. Oui, c’est possible de faire une couleur aux cheveux de n’importe quel Bds! Il y a l’art et la manière... Mais le mal est fait. Il faut empêcher que cela se reproduise.

Chaque jour, je me pose cette question

Est- ce que j’ai favorisé l’indépendance et la prise de décisions du Bds?

Est-ce que j’ai pensé à ces trésors affectifs qui alimentent l’image corporelle et l’estime de soi?

Est-ce que j’ai favorisé le choix des vêtements? Celui-ci ou celui-ci?

Des minutes qui peuvent sembler longues mais des minutes qui renforcent l’estime de soi et peuvent diminuer les réactions défensives.


Webmestre éditorial              Sophie Lattion, présidente de l’association. Tous droits réservés ©


Le concept de soi

Publié le 07/05/2014 à 21h30 (mise à jour le 01/07/2018 à 14h17)

3134459748_1_4_zFNXaxxgLe concept de soi est la façon dont une personne se sent, se voit ou pense être. Il évolue et change constamment, de la naissance à la mort; il est influencé par l’interaction de la personne avec son milieu et son entourage ainsi que par la façon dont les autres la perçoivent. Ce concept inclue les sentiments, les attitudes et les valeurs ; il influe sur les réactions en toutes circonstances. Il englobe la façon dont on se fait une représentation mentale de soi-même, de sa valeur, de ses capacités, de son pouvoir de séduction et de sa capacité à se faire aimer. Il comprend l’image corporelle, l’idéal du moi, l’estime de soi, l’exercice de son rôle et l’identité personnelle.

L’Image corporelle

Bob Price, directeur de l’enseignement par correspondance au Royal College à Londres (1998), définit l’image corporelle en trois composantes : le corps réel, le corps idéal et l’apparence.

Le corps réel

C’est le corps tel qu’il existe, tributaire de l’hérédité et transformé par l’usure du temps et les agressions du milieu. C’est en quelque sorte une composante de l’environnement. Le corps réel change à la fois parce qu’il vieillit d’une part, et parce qu’on l’utilise en permanence d’autre part. De même, les traumatismes, le cancer, l’infection et la malnutrition peuvent changer de manière radicale le corps réel. Un regard réaliste sur les possibilités et les limites du corps réel constitue souvent l’élément déclenchant d’une réflexion autour de ce qui menace l’image corporelle et d’une prise de conscience de l’existence d’une perturbation de l’image corporelle.

Quand le corps réel change, il s’écoule souvent un certain laps de temps avant que l’image corporelle change, elle aussi. Durant ce laps de temps, la personne peut refuser le diagnostic, l’enseignement et le traitement prescrit.

Le corps idéal

C’est l’image mentale du corps rêvé et des prouesses qu’il devrait accomplir. La conception du corps idéal est profondément influencée par les normes socioculturelles, par la publicité et par les diverses modes concernant la forme physique et la santé.
L’image mentale du corps idéal peut être perturbée par une altération du corps réel et toute perturbation du corps idéal peut affecter directement l’équilibre mental et physique de la personne.

L’apparence

Le corps réel s’harmonise rarement avec l’image qu’on se fait du corps idéal et c’est pour essayer de faire correspondre le rêve à la réalité que l’on se présente d’une certaine façon aux yeux des autres. L’apparence est, littéralement, la façon dont on présente son corps au monde extérieur : la façon de s’habiller, de se coiffer et de soigner sa présentation, de marcher, de parler, de bouger ou même d’utiliser du matériel d’appoint comme une canne ou un appareil auditif. La mode (qui touche principalement le corps idéal) peut changer radicalement l’apparence d’une personne. De même, la paralysie ou la perte d’un membre (qui touche le corps réel) peut aussi changer radicalement l’apparence.

Le schéma corporel

Le schéma corporel est souvent confondu avec l’image corporelle. Tous deux peuvent être altérés indépendamment l’un de l’autre.

Selon Françoise Dolto, psychanalyste, le schéma corporel « spécifie l’individu en tant que représentant de l’espèce, il est le même pour tous les individus. Le schéma corporel se structure par l’apprentissage et l’expérience, il est indépendant du langage ». Il est une réalité de fait, constitué à partir de perceptions. Le schéma corporel est en partie inconscient mais aussi pré-conscient et conscient alors que l’image du corps est éminemment inconsciente.

Interventions de soins

Il s’agit de proposer un soin qui ouvre un espace d’expression, en considérant la personne dans sa globalité (prendre soin du corps tout en se préoccupant du vécu de la personne).

Cette approche est un processus où le soignant et le patient vont vivre plusieurs étapes :

Établir une relation de confiance

par un moment de présence authentique, où le soignant est à l’écoute de l’expérience vécue par le patient.

Explorer et s’intéresser au vécu de la personne:

  • Sa façon de vivre la maladie, la chirurgie, le traitement, la rééducation, («Tous ces tuyaux dans mon corps, c’est comme si on me violait »)
  • Son expérience
  • Ses sentiments et émotions concernant son apparence, son style de vie
  • Ses représentations ses objectifs et ses projets de vie
  • Les sensations corporelles du moment dans l’ensemble du corps, de la tête aux pieds (« c’est bizarre de ressentir ce liquide chaud au travers de la poche sur mon ventre »)
  • La place du corps dans l’histoire actuelle (« ce qui est important pour moi c’est d’être en vie même avec mon pied en moins, car j’aurais pu y rester »)
  • Les évènements ayant pu s’inscrire dans le corps : les maladies infantiles ou de l’âge adulte, les signes annonciateurs de la maladie, les accidents, allergies, interventions chirurgicales, les agressions...
  • L’activité physique et sportive actuelle et antérieure
  • Les parties du corps les plus investies et les moins investies (« je n’ai jamais aimé mes jambes, par contre je suis fière de mes mains »)
  • La manière et les mots utilisés pour parler du corps
  • Les sentiments et émotions qui se dégagent : respect, honte, indifférence, rejet, attentions, soins («J’ai honte de montrer mes mains, j’ai l’impression que cela dégoûte les gens »)
  • L'impact sur l’identité de la personne («Je suis professeur, mais mes enfants ne m’ont connu que malade »)

Informer la personne et ses proches tout au long du séjour sur:

  • Le diagnostic, les traitements, les effets indésirables (par exemple chute des cheveux après un traitement de chimiothérapie, repousse des cheveux...) et les possibilités palliatives à cet évènement (perruque, foulard, chapeau, ...)
  • Le processus de soins et de réadaptation

Élaborer un objectif de soins avec la personne,

afin de l’aider à s’adapter au changement dans l’image de son corps, pouvant lui permettre d’exercer une certaine autonomie

Aider à construire de nouvelles compétences:

  • Gérer sa maladie, perdre son autonomie, subir de nombreux traitements sont des facteurs qui mobilisent une grande partie des ressources de la personne. Cette gestion nécessite du temps, en fonction des prises de médicaments, des soins plus ou moins longs à organiser sur une semaine...et aussi de l’énergie car souvent la maladie est fatigante et douloureuse.
  • Face aux répercussions de l’atteinte corporelle, les patients doivent donc changer leurs habitudes et leurs comportements. Dans la plupart des cas, la personne soignée chemine vers l’idée qu’elle aura à prodiguer des soins à elle-même, puis intègre des nouvelles notions jusqu’à apprendre et maîtriser de nouveaux gestes : fixer sa prothèse de jambe, faire les irrigations, gérer son emploi du temps pour les patients colostomisés, contrôler les effets secondaires des traitements, ...

Le parcours vers une plus grande autonomie passe par l’apprentissage des soins. Ce processus peut aider le patient à mieux intégrer sa nouvelle image corporelle puis, peut-être, à se l’approprier progressivement.

Construire des compétences adaptées à leurs possibilités et à leurs motivations, peut améliorer la perception qu’ont les patients d’eux-mêmes.

Plusieurs actions constituent cette démarche d’enseignement :

  • Recueillir les perceptions que la personne a d’elle-même
  • L’aider à regarder et à toucher la partie atteinte
  • L’aider à identifier et mobiliser ses ressources personnelles et externes
  • Évaluer avec elle ses capacités, mettre en valeur les aptitudes existantes et les coordonner avec sa réalité
  • Créer ensemble des objectifs d’apprentissage
  • Lui proposer de faire le point sur ses acquisitions
  • Valoriser la personne, l’aider à renforcer l’estime qu’elle a d’elle-même
  • Fixer de nouveaux objectifs
  • Assurer la continuité de l’apprentissage en trouvant des relais

Image consultée le 28.05.2014 sur http://kawaii-citations

Source internet consultée le 22.05.2014 sur http://soins.hug-ge.ch


Verticalise-moi… avant qu’il ne soit trop tard.

Verticalise-moi, que je sois encore debout ou couché…
Avant qu’il ne soit trop tard…

Publié le 07/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 10h16)

Verticalisation

Vignette

Cette boîte conceptuelle exprime la nécessité de ne pas basculer d’un soin au lavabo même s’il est « lourd et difficile » à une toilette complète au lit, à deux soignants. La fonte musculaire est rapide, la perte de force et l’indépendance totale apparaissent en quelques jours dès l’arrêt de la verticalisation.


Webmaster éditoriale                     Sophie Lattion, présidente de l’Association


Les effets systémiques de la verticalisation et de la marche

Publié le 07/05/2014 (mise à jour le 01/07 à 10h19)

La plupart des grabataires soignés à l’heure actuelle en institution, ont l‘univers qui se réduit au lit et au fauteuil. Ils ont une invalidité « iatrogène » due à notre incapacité culturelle à nous appuyer sur les capacités restantes de la personne âgée.

Les pertes d’autonomie liées à l’alitement, voire à l’immobilisation au fauteuil, s’installent en quelques jours et évoluent d’une façon exponentielle: au grand âge, l’équilibre physiologique, équilibre instable, bascule à la moindre brise.

La marche est une activité capitale : elle sollicite toutes les fonctions de l’organisme. Or l’utilisation des fonctions prévient « le vieillissement immérité, le vieillissement de surcroît ». Rappelons quelques rôles connus mais oubliés au quotidien : la marche est si banale qu’on la sous-estime, ne lui attribuant aucune vertu médicale. Et pourtant, le système osseux, les cartilages, les muscles, les tendons et ligaments, la circulation veineuse, la ventilation respiratoire, le système nerveux périphérique et le système nerveux central bénéficient de la verticalisation et de la marche, même si la marche à lieu à petits pas.

Rôle sur le système osseux

La fixation du calcium se fait par la mise en pression des os :

  • au cours de l’action musculaire obtenue lors de l’exécution des gestes de la vie quotidienne.

Incidence sur les soins : la participation des patients au cours de la toilette, de l’habillage, etc. est une nécessité de santé.

  • par l’action de la pesanteur:

L’exemple de la vie en apesanteur dans l’espace est significatif : la perte de masse osseuse atteint parfois 12% chez les cosmonautes ayant séjourné 3 mois dans une station orbitale.

Incidence sur les soins : La marche est un des principaux moyens d’action dans le traitement de l’ostéoporose.

Rôle sur les cartilages

Dépourvus de vascularisation, les cartilages se nourrissent grâce aux échanges d’eau avec les épiphyses osseuses. Ces échanges se produisent lors des phases mise en charge/décharge, facteurs observés au cours des mouvements mais surtout lors de la verticalisation et de la marche.

cartilage

Incidence sur les soins: La verticalisation et la marche sont indispensables pour la conservation d’un cartilage physiologique.

Rôle sur le système musculaire.

Chez le vieillard de plus de 80 ans, la perte de la force musculaire peut atteindre 40 % après une semaine d’immobilisation.

Incidence sur les soins : La marche quotidienne est le principal moyen d’action pour la conservation de la masse musculaire.

Rôle sur les tendons, ligaments et capsules articulaires

La fibrose d’une partie de ces éléments commence après 48 heures d’immobilisation.

Rôle sur le retour du sang veineux et sur l’activité cardiaque:

Le retour veineux s’effectue entre autres grâce à la «pompe veineuse plantaire », important réseau de veines sous le pied dont le sang est chassé à chaque pas, ce qui lui donne la poussée suffisante pour monter jusqu’au mollet. À ce niveau la contraction du triceps sural va à son tour pousser le sang par action sur la veine, etc

voute

Incidence sur les soins: La marche quotidienne est le principal moyen de prévention des phlébites du lit et du fauteuil.
« Le débit cardiaque diminue de 5 à l0 % si le sujet passe de la position couchée à la position debout. Ce fait est largement ignoré des soignants, en ce sens que beaucoup insistent pour que le malade reste à plat sur le dos, alors que le fait de l’asseoir réduirait réellement le travail de son coeur…» (P. Harichaux).

L’aide marche est la première action à mettre en place dans un plan de prévention des escarres. L’on peut estimer que 10 pas équivalent à 10 minutes de prévention au lit !

Rôle sur la fonction respiratoire

Les principaux muscles inspiratoires sont utilisés lors de la marche, ce qui explique la nette diminution des problèmes constatés dans les services de soins intensifs et de réanimation lorsque des programmes de toilettes avec verticalisation et de rééducation à la marche sont intégrés au plan de soins.

Incidence sur les soins : La marche améliore la ventilation pulmonaire et entraîne une diminution des infections broncho-pulmonaires.
La position assise ou allongée ralentit la capacité respiratoire. La ventilation alvéolaire et le rapport ventilalion-perfusion dépendent étroitement de la posture.

Rôle sur le système nerveux périphérique

La verticalisation et la marche favorisent le recrutement des unités motrices. Le nerf moteur, arrivé au voisinage du muscle se ramifie en fibres terminées par une plaque motrice induisant la contraction d’un faisceau de fibres musculaires. L’ensemble, plaque motrice-faisceau musculaire, est appelé « unité motrice ».
Lors d’un effort, les différentes unités motrices d’un muscle sont progressivement « recrutées » pour adapter l’effort à demande.
La pauvreté de la demande aboutit progressivement à la perte de fonction des unités motrices.
Chez le vieillard, l’absence de sollicitation du muscle limite rapidement sa force et donc l’amplitude des mouvements volontaires.

Incidence sur les soins: La marche sollicite le plus grand nombre d’articulations, contribue à la conservation des potentialités d’action neuro-musculaire.

Rôle sur le système nerveux central

Le développement de l’intelligence, étudié chez l’enfant notamment par Piaget, est marqué par 2 étapes principales :

  • L’intelligence sensori-motrice.

Essentiellement physique au départ, cette étape permet l’apprentissage de l’espace, du temps, des gestes, la connaissance progressive de son propre corps dans sa complexité interne et dans sa relation au monde extérieur.

Les stimulations sont de deux ordres, extéroceptives et proprioceptives:

c cliquer pour agrandir l’image

Extéroceptives

Stimuli adressés par les récepteurs situés dans la peau. Ils permettent à l’enfant de rentrer en contact corporel avec le monde qui l’entoure. Ces stimulations favorisent la perception de la situation dans l’espace de chaque partie du corps : une cartographie sensitivo-motrice s’établit peu à peu dans le cortex cérébral. Appelée schéma corporel, cette cartographie est d’autant plus fine que le nombre de stimulations extéroceptives est élevé (importance du toucher).

Proprioceptives

Lors des mouvements, les récepteurs dits proprioceptifs, situés dans les articulations, les muscles les tendons, vont informer le cerveau de la position relative des différents segments du corps et participer aussi à l’élaboration du schéma corporel. Ces informations, affinées par l’expérience (apprentissage par essais/erreurs), sont essentielles pour la réalisation de gestes précis (organisés en schèmes moteurs, pour l’équilibre et pour la marche).

  • L’intelligence conceptuelle.

S’appuyant sur les structures de l’intelligence sensori-motrice, le concept est une image permettant d’organiser les perceptions, d’imaginer, afin de résoudre un problème à partir d’éléments connus ou conçus.

Chez la personne grabataire, la stabilité des positions (au lit 12 heures, assis au fauteuil 12 heures) éteint progressivement le schéma corporel par diminution de l’intelligence sensori-motrice. Ce qui entraîne une réduction de l’intelligence conceptuelle (ou du moins de ses capacités expressives).
Le vieillard sera alors vu comme atteint de désorientation spatio-temporelle, de perte d’ idéation, etc. : ce point d’arrivée d’un manque d’utilisation des compétences sensori-motrices est souvent confondu avec le point de départ d’une pathologie (cela nous remet moins en question !).
Ces rappels conduisent au postulat de base : soigner et prendre soin en gériatrie demandent de pratiquer une médecine debout.

Exemple: Si deux soignants soutiennent le Bds lorsqu’il est debout, l’information reçue par son cerveau est qu’il pèse son poids moins celui porté par les soignants. L’ordre qu’ils envoient aux muscles est donc de forcer moins qu’il ne le faut pour pouvoir porter la personne. Si chaque fois que le Bds est debout et soutenu ainsi, il va recevoir moins d’information ou des informations erronées et peu à peu perdre ses repères et ses capacités sensori-motrices.
La marche avec soutien, donc avec soulagement du poids, est une hérésie en gérontologie: Elle diminue l’information au cerveau quand il faudrait l’augmenter.

Autre exemple: Une personne est assise au bord du lit. Si pour l’aider à se lever, je place ma main dans son dos et exerce une pression, l’information au cerveau est: « Je peux m’appuyer » et induit un réflexe: partir vers l’arrière! Si, en revanche, le soignant attire délicatement le haut du corps de la personne vers l’avant, de telle manière que ses épaules soient au-dessus de ses pieds, l’information envoyée au cerveau (celle qu’il a reçue à chaque fois que la personne s’est retrouvée dans cette position), provoquera des ordres moteurs qui conduiront la personne à s’appuyer sur ses jambes et à entamer le mouvement nécessaire pour se lever. 1


1 Informations littéraire consultées sur « Humanitude » de Yves Gineste et Jérôme Pellissier, p.240

Image 1 & 2 consultées sur http://cec-formation.net

 

Sur une base artistique

Description

Publié le 07/05/2014 à 14h30 (mise à jour le 13.01.2025)

Pour traiter de la bientraitance dans les soins aux personnes âgées vivant en institution, à domicile ou hospitalisées, j’ai eu l’idée d’allier un concept artistique à ce sujet afin de proposer des situations contextuelles et visuelles poussant le visiteur à observer, interpréter, réfléchir…

Quand je dis visiteur, je pense à une population large. Il faut d’abord voir mes créations comme une réalisation artistique au même titre qu’un sculpteur ou qu’un peintre. Toutefois, vous pourriez un jour être concerné  par ce sujet; soit parce que vous êtes bénéficiaire de soins (Bds), futur.e Bds, faites partie de la famille ou de l’entourage d’un Bds ou parce que vous êtes un.e professionnel.le de la santé.

Chaque création contextuelle n’est pas le fruit de mon imagination mais elle repose sur une réalité, des théories de soins et des articles scientifiques. Certaines situations peuvent choquer mais le but est  de marquer les esprits.


Création de 35 personnages

  • En pâte Fimo Puppen, entièrement réalisés par mes « soins ».
  • Chaque personnage est unique.
  • La réalisation de certains personnages était accompagnée d’émotions fortes.

DSC00906_editedTous droits réservés ©

Premier personnage « test » que j’ai créé qui est finalement devenu le logo de l’association. Je n’avais jamais fait de personnage en pâte fimo jusqu’à ce jour!


Des vêtements de barbies.

Création de boîtes

  • Permettant la mise en scène de pièces architecturales comme des chambres, une salle à manger, un bureau etc.. qu’on retrouve dans un établissement Médico-social (EMS).
  • Des boîtes créées sur mesure par un ami.


Création des contextes architecturaux

  • Avec des meubles et objets divers de maison de poupées, achetés sur Monica’s Puppenstubenparadies sur http://puppenstubenparadies.ch
  • ET achats divers selon l’imagination soudaine et des coups de cœurs (Faux gazon, pierres…)

Webmestre éditorial              Sophie Lattion, présidente de l’association ©

L’empathie

L’hypersensibilité émotionnelle, relationnelle et empathique

Publié le 07/05/2014 à 15h02 (mise à jour le 01/07/2018 à 13h46)

On observe trois phénomènes chez la très grande majorité des personnes dont nous prenons soins, lors d’un soin comme la toilette parce qu’elles sont en situation de fragilité, de vulnérabilité, de dépendance

  •  L’hypersensibilité émotionnelle: La personne malade est en effet beaucoup plus sensible émotionnellement, plus facilement inquiétée, angoissée, stressée, attristée.
  •  L’hypersensibilité relationnelle: Inséparable de la précédente: la personne malade est, dans ces moments-là, beaucoup plus sensible à la manière dont les autres vont la regarder (ou ne pas la regarder), lui parler (ou ne pas lui parler), la toucher, etc
  • L’hypersensibilité empathique: Elle comprend

L’empathie cognitive

Cette faculté intellectuelle, cognitive, permet de comprendre le point de vue de l’autre en prenant en considération le contexte dans lequel il vit, son état de santé, son histoire, etc.

Cette capacité conduit à être tolérant, par compréhension, quand, par exemple, un professionnel explique pourquoi il ne peut pas tout de suite répondre à nos demandes; c’est également elle qui permet de comprendre quelles sont les intentions de l’autre quand il ne les explique pas. La faculté d’empathie cognitive est d’autant moins aidée à utiliser lorsque l’on est fatigué, malade, souffrant, angoissé, etc.

L’empathie émotionnelle

On parle souvent ‹‹de contagion émotionnelle›› en lien avec les facultés de ressenti émotionnel d’un individu qui le rendent plus ou moins perméables aux émotions de ceux qui l’entourent, à l’atmosphère émotionnelle d’un lieu, d’un moment, d’une situation. C’est ici qu’on peut parler d’hypersensibilité empathique: plus une personne est fatiguée, stressée, etc., plus elle est perméable à l’atmosphère émotionnelle, au stress ou, au contraire, au calme, qui l’entoure.

Ces deux formes d’empathie entretiennent bien entendu des liens permanents: les pensées et les émotions sont imbriquées entre elles et imbriquées avec toutes les autres dimensions (symbolique, inconscientes, etc.) de la vie psychique. Ce sont précisément ces liens et ces imbrications qui, dans les syndromes démentiels, vont souvent être altérés, voir rompus. Toutefois cela ne les empêchera pas d’être extrêmement sensibles à nos émotions et, plus globalement, à l’atmosphère émotionnelle que créent les personnes proches et l’environnement. L’empathie émotionnelle et cognitive est représentative autant au niveau du soigné que du soignant.


Auteur

Cours manuscrit donné lors de la passerelle pour Infirmière-Assistante


 

Je deviens fou! (Syndrome de sevrage)

Je deviens fou!

Publié le 07/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 13h22)

Syndrome de sevrage

Vignette:

  • Homme d’allure élégante
  • Artiste peintre
  • Fumeur et alcoolique
  • Les miroirs de part et d’autre lui renvoient l’image de ce qui lui est source de dépendance, de manque et de souffrance.
  • Il ne peut plus peindre, ses passions et ses tableaux se cyrrhosent.

Cette boîte conçue avec des miroirs représente le délirium tremens (voir ci-dessous) que subit cet homme parce l’institution (plutôt des personnes de pouvoir et en manque de connaissanceS médicaleS) dans laquelle il vit, a décidé de le sevrer de force, sans son consentement, sans avis médical, sans  suivi psychologique ni médicamenteux.

Même si l’on connait les dégâts que peut provoquer l’alcoolisme sur les attitudes d’une personne dépendante, les professionnels de santé compétents savent que c’est aussi  une maladie et qu’il est très dangereux et inacceptable d’agir ainsi.

C’est d’autant plus choquant et désespérant si les décisionnaires  traitent ensuite le résident d’agressif et qu’ils rentrent dans une relation de force et de cadrage.


webmaster éditoriale                       Sophie Lattion, présidente de l’association


Syndrome de sevrage alcoolique

Publié le 07/05/2014 (mise à jour le 01/07/2018 à 13h28)

Point de départ

Le syndrome de sevrage alcoolique est un ensemble de signes qui apparaissent lorsqu’une personne alcoolo-dépendante cesse de boire brutalement.

Les signes

Des signes dits cardio-vasculaires, donc en rapport avec la circulation sanguine et le cœur:

  • Bouffées de chaleur avec rougeur du visage.
  • Maux de tête que le médecin mettra en rapport avec une poussée d’hypertension artérielle
  • Sensation de coeur rapide

Des signes neurologiques

  • Tremblements
  • Difficulté à se repérer dans le temps (perte de notion des horaires) et de l’espace (confusion des lieux)
  • Instabilité à la marche ou lors de la position debout
  • Difficulté à coordonner les mouvements
  • Difficulté à maintenir son attention

Des signes psychiatriques

  • Agitation
  • Anxiété
  • Hallucinations ou délire

Des signes généraux

  • Fièvre
  • Soif
  • Sueurs froides

Que faire ?

Tous ces signes surviennent lors de l’arrêt brutal de l’alcool chez une personne intoxiquée de longue date. Ils constituent des signes d’alerte, qu’on appelle le pré-delirium, phase précédent le delirium tremens .

Ces signes imposent la consultation en urgence d’un médecin de façon à enrayer la crise. Il est vraisemblable que son intervention sera suivie d’une hospitalisation de la personne. L’attitude du médecin sera guidée par l’impossibilité qu’il évalue chez la personne de pouvoir suivre un traitement en ambulatoire (donc sans hospitalisation).

Un traitement de sevrage alcoolique sera alors mis en place


Pourquoi ne pas prendre conseils auprès de la ligue contre la toxicomanie de votre région?

AddicVS_horhttp://www.addiction-valais.ch/


Auteur

Article créé, modifié ou vérifié par Professeur Dominique Huas – Médecin généraliste

Article consulté sur http://www.docteurclic.com


Ouvre ces chaînes! (Suicide des personnes âgées)

Ouvre ces chaînes!

Publié le 07/05/2014 à 22h30 (mise à jour le 01/07/2018 à 20h29)

Suicide personnes âgéesTous droits réservés ©
Suicide personnes âgéesTous droits réservés ©

Vignette

Cette situation représente un bénéficiaire de soins (Bds) privé de ses affaires personnelles. Pourquoi? à cause de qui? Parce qu’il n’est pas ordré?  Parce qu’il ne respecte pas le travail des intendantes? Parce que les soignants.e.s ne trouvent pas ses chaussettes?

De quel droit et de quel pouvoir une autorité (in)compétente se permettrait de donner l’ordre de trier, de jeter ou de cadenasser une armoire, une commode, ou un frigo? Le faire sans explication ni présence/participation du Bds peut être perçu comme un coup de poignard dans le dos. Nous pouvons nous demander à qui le désordre dérange-t-il?

J’ai également décidé, tout au long de la construction de la boîte conceptuelle, de représenter  le verrouillage de la porte de la chambre du Bds.

Celui-ci aura ensuite des conduites défensives qui risquent d’entrainer une contention chimique ou mécanique ainsi qu’une réaction de fuite face à lui et dans le pire des scénarios, le conduire au suicide.


Webmestre éditorial              Sophie Lattion, présidente de l’association. Tous droits réservés ©


Le suicide des personnes âgées

Publié le 07/05/2014 à 22h30 (mise à jour le 01/07/2018 à 14h45)

Les raisons qui incitent des personnes âgées à se suicider sont multiples, aussi bien personnelles que contextuelles. Les proches et les soignant·e·s peuvent participer à la prévention. Par Dolores Angela Castelli Dransart.

Suicide personnes âgées

Si les comportements suicidaires ou les suicides avérés des jeunes bouleversent et font parler, voire mobilisent, il n’en va pas de même pour les suicides des personnes âgées qui sont souvent ignorés, voire banalisés. « Il/elle a déjà fait sa vie. » « Il/elle allait de toute manière mourir. » Les personnes âgées se suicident pourtant plus que les jeunes en nombre absolu et en taux.

En effet, sur les 1037 décès par suicide en Suisse en 2012, 406 (39.15%) étaient des personnes âgées de plus de 60 ans et 36 étaient des jeunes jusqu’à 19 ans (3.47%). A cela, il faut ajouter les 423 suicides assistés (83.26% du total des 508 suicides assistés) de personnes de plus de 65 ans (OFS, 2014).

La prévention du suicide des personnes âgées est particulièrement complexe pour différentes raisons. La défaillance, la fragilité ou la dépendance font généralement peur et une partie grandissante de la population les considère comme une atteinte indésirable voire insupportable à l’image de soi et à sa dignité. Ce principe, du moins dans le sens commun, est en train de se transformer : de propriété intrinsèque de l’être, la dignité est désormais comprise comme un ensemble de conditions qui doivent être réunies (qualité de vie, autonomie, etc.) pour qu’elle soit effective. Dès lors, le suicide, et en particulier le suicide assisté, sont de plus en plus souvent perçus comme une alternative socialement acceptable d’éviter les atteintes du grand âge.

Le contexte économique et le déni

Des enjeux politiques et économiques sont susceptibles de jouer un rôle de frein à la prévention du suicide. En effet, l’augmentation des coûts de la santé et le vieillissement de la population en même temps que la diminution du rapport entre personnes actives et personnes retraitées posent des défis économiques et financiers de taille à notre société. Ces éléments ne sont peut-être pas étrangers à l’acceptation sociale élevée, voire parfois à la valorisation du suicide des personnes âgées. Certains auteurs postulent que cela pourrait même les encourager à passer à l’acte (Charazac-Brunel, 2014).

Ensuite, les personnes âgées étant souvent plus dépendantes de leur environnement et de leurs conditions de vie que d’autres groupes d’âge, la prévention du suicide doit s’attacher également à créer de bonnes conditions de vie (friendly environment), ce qui requiert des interventions non seulement différenciées mais également structurelles.

Le suicide des personnes âgées est difficile à prévenir en raison aussi des dynamiques de déni et d’impuissance qu’il soulève auprès des familles et des professionnel·le·s : appréhender et répondre à l’angoisse et à la peur de la dégradation ne va pas de soi, tant ces manifestations sont susceptibles de faire écho chez l’autre. Offrir des alternatives valables au suicide ou trouver des moyens pour diminuer la souffrance physique et psychique expérimentée par la personne sont aussi des défis de taille.

A cela s’ajoute le fait que les troubles de santé mentale de la population âgée sont largement sous-estimés, sous-diagnostiqués et sous-traités. Ceci non seulement en raison des stéréotypes en lien avec la vieillesse (il est considéré normal pour une personne âgée d’être apathique, triste, désinvestie) qui font obstacle aux interventions professionnelles, mais également par manque de ressources et de formation des professionnel·le·s. Or les troubles de santé mentale, en particulier les troubles de l’humeur, sont souvent correlés à la suicidalité.

Enfin, même si les tentatives de suicide des personnes âgées sont moins fréquentes, elles aboutissent plus souvent à la mort que celles des jeunes.

Il n’est pas rare que le suicide de la personne âgée s’enracine dans un sentiment d’absence de sens, de lien et de contenant collectif. La volonté de se soustraire à la souffrance physique et/ou psychique, ou à ce qui est ressenti comme une déchéance, est souvent le moteur du passage à l’acte. La dynamique suicidaire chez la personne âgée se manifeste par un mouvement de désinvestissement d’activités physiques et psychiques dans les différentes sphères de la vie, un évitement de la vie puis une réorientation de l’énergie sur les représentations de mort (Charazac-Brunel, 2014). « A l’extrême, la représentation de l’acte de mourir devient une projection dans le futur d’une naissance, d’une re-naissance. Ainsi, mourir devient une « délivrance » et faire naître revient à « donner la mort » (Charazac-Brunel, 2014, p. 29).

Les multiples facteurs de risque

Plusieurs facteurs de risque contribuent à engendrer un processus suicidaire (Charazac-Brunel, 2014 ; Lapierre et al. 2011) : le statut matrimonial ou l’âge, des troubles de santé mentale, la présence d’une maladie somatique grave ou chronique avec des douleurs physiques constantes et une souffrance psychique intense. Des incapacités fonctionnelles ou des pertes d’autonomie significatives, la présence d’antécédents personnels ou familiaux de comportements suicidaires, des tensions ou des conflits familiaux voire interpersonnels importants, ainsi qu’un soutien familial ou social insuffisant ou encore l’isolement sont également des facteurs de risque importants. La cumulation des pertes matérielles ou symboliques, la présence de problèmes financiers ou de soucis à cet égard, peu de reconnaissance sociale et d’estime de soi en sont aussi. Les périodes de transition (retraite, déménagement en EMS, dépendance), le sentiment de ne plus avoir de contrôle sur sa vie ou sur les décisions essentielles, ainsi que le sentiment de désintégration psychique et/ou de perte de dignité figurent parmi les déclencheurs les plus récurrents.

Parmi les facteurs de protection, être en lien et pouvoir donner du sens à ce que l’on vit et à sa trajectoire de vie sont déterminants (Mellqvist Fässberg et al. 2012), ainsi que le sentiment de confort. Plus particulièrement, l’investissement affectif de la famille, en particulier des petits-enfants, des amitiés ou encore des connaissances du quotidien (tels que les profesionnel·le·s par exemple) jouent un rôle important, tout comme la valorisation personnelle et sociale de la capacité de transmission (pouvoir transmettre des savoir-être et des savoir-faire en lien avec le fait d’être un humain). La pratique religieuse ou spirituelle, savoir rechercher et accepter de l’aide, ainsi que l’engagement dans des activités qui ont du sens pour la personne sont également protectrices, tout comme la présence d’un soutien formel (professionnel) et informel adapté et respectueux.

Pour les personnes les plus atteintes dans leur santé, des soutiens et des soins adaptés, qui permettent de contenir ou de pallier au processus de fragilisation ainsi que de faire face à la souffrance physique et psychique sont fondamentaux. Les soins palliatifs jouent un rôle important à cet égard.

Les pistes pour la prévention

La prévention du suicide parmi la population âgée devrait intervenir aussi bien au niveau universel (population générale), que sélectif (populations à risque telles que les personnes âgées déprimées), ou qu’indiquée (individu suicidaire) (Erlangsen et al. 2011). Une méta-analyse des programmes conduits et évalués montre (Laperrière et al. 2011) que la prévention du suicide auprès de la population âgée est possible et efficace et ceci d’autant plus si les offres sont personnalisées et si elles articulent différents domaines (social, santé, habitat, communauté-collaborative care) et niveaux individuels, professionnels de soutien et légaux (Laperrière et al. 2011).

Erlangsen et al. (2011) et Conwell (2013, communication IASR 2013) suggèrent les axes de prévention suivants : améliorer l’identification et le soutien des personnes âgées suicidaires, offrir des soins en santé mentale pour les personnes âgées qui soient efficaces, accessibles, acceptables et coordonnés, offrir des opportunités susceptibles d’augmenter les liens intergénérationnels et le sentiment d’appartenance, augmenter les possibilités de fonctionnement autonome en développant, par exemple, les in-home technologies. Le groupe de travail « Vieillissement » de la section « Santé Mentale » de Public Health Suisse (2011) suggère d’améliorer la conduite de la politique sanitaire, de former les professionnel·le·s de la santé et du social ainsi que les bénévoles de la relation d’aide à la prévention du suicide, de sensibiliser et informer la population à ce sujet et d’intégrer la santé mentale dans l’offre des soins existant pour les personnes âgées.

En l’état, aucun programme de prévention du suicide spécifiquement orienté vers la personne âgée n’a été mis en place au niveau fédéral ou cantonal en Suisse, même si des initiatives ponctuelles existent. La stratégie nationale en matière de soins palliatifs a été reconduite pour les années 2013-2015. Elle a été présentée comme un axe de prévention du suicide assisté. Toutefois, cette stratégie est susceptible de concerner les personnes suicidaires en phase terminale ou bénéficiant de soins palliatifs. Qu’en est-il des personnes âgées suicidaires qui ne sont pas dans ce cas de figure ? Dès lors, il est nécessaire de proposer des mesures à même de soutenir en général les personnes âgées suicidaires. Avec l’évolution démographique, les professionnel·le·s seront très probablement confronté·e·s plus fréquemment à des personnes vieillissantes suicidaires vivant des situations complexes. Dès lors, il est indispensable de donner les moyens aux professionnel·le·s d’accompagner ces personnes avec compétence et humanité entre autres par des formations spécifiques et la mise à disposition de ressources adéquates.


Auteur

Dolores Angela Castelli Dransart, Ph.D., professeure, Haute Ecole fribourgeoise de Travail social, Givisiez

Article consulté sur http://www.reiso.org


Par pitié, arrête! (Cerveau cognitif-émotionnel)

Par pitié, arrête!

Publié le 07/05/2014 à 21h39 (mise à jour le 01/07/2018 à 11h35)

030Tous droits réservés ©

Vignette

Cette maquette représente deux situations en lien avec l’alimentation/hydratation des personnes âgées.

Situation 1

Qu’en est-il de ce soignant qui force à boire la bénéficiaire de soins (Bds) quitte à la blesser? Est-ce un souci de conscience professionnelle que d’inscrire sur le bilan hydrique 200ml à 10h, 200ml à midi, 200ml à 15h? Ou la vraie conscience professionnelle pour qui c’est de proposer une boisson au goût du Bds, et en cas de refus d’en discuter en équipe afin de trouver une solution autre que le forcing? De plus, il y a un risque de fausse route dont on connait les conséquences (surinfection bronchique, panique, etc…). Quant au traumatisme d’une telle prise en charge, je n’en parle même pas.

Situation 2

Mme X, 85 ans a pris du poids. Un ou des décisionnaires pensent que si cela continue, cette personne ne pourra plus être mobilisée et qu’il faut donc la mettre au régime. Quand je dis régime, je sous-entends, priver de dessert, de la tranche de pain qui accompagnait chaque repas. Il existe même, cela est difficile à croire, une privation de la soupe, qui cela-dit en passant, est une source de fibres et donc très bonne pour le transit souvent lent chez bons nombres de Bds. Faudra-t-il alors augmenter les laxatifs???

Le plus terrible dans ce genre de prise en charge, c’est lorsque le responsable de ces décisions ne prend même pas la peine de communiquer avec le bénéficiaire de soins qui ne peut comprendre ou qui n’accepte pas cette différence par rapport à ses voisins de table…L’ordre est généralisé et tout le monde obéi à ces restrictions poussant ainsi des soignant.e.s à tricher comme dans une cour d’école lorsqu’ils avaient 10ans…(en donnant par exemple un dessert, du pain ou une repasse de pâtes en cachette).

Comment cela ne pourrait-il pas entrainer des réactions défensives interprétées comme de l’agressivité? Et là encore, on retrouvera comme objectif prioritaire (ou plutôt secondaire au régime, le CADRAGE du bénéficiaire de soins.


Webmestre éditorial              Sophie Lattion, présidente de l’association. Tous droits réservés ©


Qui est ce cerveau cognitif? Qui est le cerveau émotionnel?

Publié le 07/05/2014 à 21h39 (mise à jour le 01/07/2018 à 11h37)

Le cerveau cognitif est représenté par l’ensemble du cortex cérébral, situé à la surface du cerveau.

Le cerveau émotionnel est situé au niveau du diencéphale, du système limbique. Le système limbique fait intervenir différents centres nerveux dont:

  • L’hypothalamus: il contrôle entre autre le système endocrinien, ortho et parasympathique, le cycle reproducteur… Il entre dans le contrôle des comportements instinctifs.
  • L’hippocampe: il s’agit du centre de la mémoire. Il transfert les informations de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme et associe le souvenir à une émotion.
  • L’amygdale: il est impliqué dans les comportements d’insertion sociale d’un individu dans un groupe.

Ces différentes structures sont elles-mêmes connectées aux:

img4940f53203cc2Systèmes ortho et parasympathiques: ces systèmes activent ou freinent les sensations physiques ressenties lors d’émotions intenses.
Le cortex préfrontal (cortex associatif): il est le siège des émotions, de la pensée. Il sera mobilisé afin d’attribuer du sens, une signification à une information.
Par ailleurs, les émotions doivent être modulées par une analyse rationnelle dont est chargée le cerveau cognitif. Sans réflexion, concentration, planification, nous serions ballotés entre les aléas du plaisir et de la frustration donnant lieu à des comportements inadaptés à l’environnement.1

Enfin, le cortex cingulaire lié au système limbique relie les émotions et la douleur.

Relation corps et cerveau émotionnel

Les viscères communiquent directement avec l’hypothalamus et les structures qui y sont liées. En agissant sur le corps, on peut agir sur le cerveau émotionnel et par conséquent gérer ses émotions et contrôler la physiologie du corps (cœur, respiration, appétit, sommeil, libido…).

Relation langage et cerveau cognitif

Le cerveau cognitif contrôle la pensée, le langage, l’abstraction, le raisonnement. Le cortex préfrontal contrôle l’attention, la concentration, la planification, l’inhibition sociale et tout ce qui a attrait avec la notion de morale, de respect…
Toutefois, le cerveau cognitif aura une influence limitée sur le cerveau émotionnel.
Le cerveau cognitif et le cerveau émotionnel perçoivent l’information provenant du monde extérieur pratiquement en même temps. Ils peuvent alors coopérer ou se disputer le contrôle de la pensée, des émotions et du comportement. Toute forme de compétions entre le cerveau cognitif et le cerveau émotionnel va être ressenti comme un mal être. Par contre, lorsque les deux cerveaux se complètent, l’un pour donner un sens à ce que nous vivons (cerveau émotionnel), l’autre pour avancer de la manière la plus intelligente qui soit (cerveau cognitif), nous ressentons une harmonie intérieure, un véritable bien être.

Le court circuit émotionnel

Le cerveau émotionnel a la charge de surveiller l’environnement en arrière plan. Lorsqu’il détecte un danger ou une opportunité exceptionnelle, il déclenche une alarme qui annule en quelques millisecondes toutes les opérations du cerveau cognitif et interrompt son activité. Cette alarme part de la formation réticulée (lieu de mélange et de tri de toutes les informations reçues). Si l’information ne présente pas d’intérêt, elle sera inhibée. Par contre, les informations importantes seront amplifiées et, par conséquent, notre attention sera fixée sur elles. Ce fonctionnement permet au cerveau de se concentrer sur ce qui est essentiel à sa survie.
Une équipe de chercheur a montré que, sous l’effet d’un stress important, le cortex préfrontal ne répond plus et perd sa capacité à guider notre comportement. De ce fait, ce sont les réflexes et les réactions instinctives qui vont guider nos actions.

L’étouffement cognitif

Le cerveau cognitif contrôle nos émotions avant qu’elles deviennent disproportionnées. Une étude par imagerie fonctionnelle montre que, lorsque nous regardons des images pénibles, notre cerveau émotionnel réagit immédiatement. Toutefois, si on fait l’effort de se raisonner, ce sont les régions corticales que l’on voit prendre le dessus; elles vont inhiber le cerveau émotionnel.
Dans certains cas problématiques, le cerveau cognitif étouffe littéralement le cerveau émotionnel, rendant la personne insensible; elle n’est plus réceptive aux signaux d’urgence envoyés par le cerveau émotionnel. Malheureusement, ce n’est pas parce qu’on se rend aveugle à une détresse que celle-ci n’existe pas. Les personnes vont alors présenter différents symptômes bien connus en lien avec les maladies liées au stress: fatigue excessive, anxiété, tachycardie, hypertension, troubles digestifs, infections à répétition, infertilité, problème de peau…

Exemple: émotion et motricité intestinale

Le noyau dorso latéral de l’hypothalamus active la prise de nourriture et la motricité du colon ce qui explique que la prise de nourriture s’accompagne de défécation. On parle alors de réflexe gastrocolique. Souvent, lorsqu’une personne est constipée, on va lui réapprendre à manger pour stimuler le réflexe gastrocolique (manger peu le soir et beaucoup le matin et aller aux toilettes systématiquement après avoir mangé).
Par opposition, le noyau ventrolatéral de l’hypothalamus est impliqué dans les comportements de défense et il bloque la prise de nourriture (centre de la satiété), bloque la motricité du colon.
L’étroite proximité, voire le chevauchement des aires hippocampique qui contrôlent à la fois la motricité de l’intestin, la consommation de nourriture et les réactions comportementales face à l’environnement explique l’incidence du stress (cerveau émotionnel) sur l’activité motrice intestinale.


Auteur

Par Marlène FOUCHEY, Cours de master 1 de pharmacologie, Université de Savoie, recherches personnelles

Source d’informations consultées sur Source http://psychologie-m-fouchey.psyblogs.net/?post/439-Bases-bio-psycho-physiologie-de-la-somatopsychie


Page 6 of 7

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén